La fête de la Saint-Bourrou correspond à la fête patronale de Marcillac-Vallon et se déroule lors des trois jours du week-end de Pentecôte. Intimement liée au vignoble de Marcillac-Vallon, elle célèbre, lors de ces quelques jours, le saint patron de la ville : Saint Bourrou. Certains tentent de rattacher ce protecteur à la religion en le réclamant de Saint Charles Borromée, un évêque italien du XVIème siècle, canonisé par le pape Paul V dès 1610. Mais plus prosaïquement, ce saint patron correspond en fait au borron, qui n’est autre que le bourgeon en occitan.
La fête de la Saint-Bourrou à Marcillac
Parmi les diverses animations, on compte une constante au cours des années : le défilé de Saint-Bourrou le matin du lundi de Pentecôte. Celui-ci se déroule en trois étapes bien distinctes qui relèvent de trois objectifs différents, chacun requérant la participation de l’Échansonnerie de Saint-Bourrou.
Dès 9h, un cortège se met en place pour traverser la ville. Un homme en tenue rouergate porte un cep de mansois taillé en couronne, symbole de la viticulture du Vallon de Marcillac, auquel sont lié des rubans tenus par des enfants en tenue traditionnelle. Un groupe de danses et chants traditionnels poursuit la marche, suivis par les enfants, eux aussi en tenue rouergate traditionnelle et portant un pampre de vigne en boutonnière.
"Dès 9h, un cortège se met en place,
pour traverser la ville"
Vient ensuite la suite du cortège : char réemployant la symbolique de la couronne de mansois, vignerons du Vallon, char composé d’une bouteille de vin de Marcillac devant laquelle est mis en valeur le tasson (taste vin) de Marcillac, enfants vêtus de l’ancienne tenue d’échanson, puis enfin l’Échansonnerie de Saint-Bourrou, confrérie à l’honneur ce jour-là, dont les membres sont habillés d’une tunique rouge à l’encolure noire et coiffés d’un chapeau noir. Ils portent un pampre de vigne côté coeur et autour du cou, le tasson pend en sautoir au bout d’une chaine. Derrière eux se tiennent les candidats à l’intronisation. D’autres confréries enchaînent le pas. Enfin, l’harmonie municipale clôt le cortège.
Ainsi en place, ils réalisent un tour de ville en passant par la rue principale pour ensuite prendre la route qui mène à la chapelle Notre-Dame-de-Foncourrieu.
"C’est dans ce lieu que se déroule,
la messe en plein air."
C’est dans ce lieu que se déroule la messe en plein air, le parc devant la chapelle ayant été aménagé. Il y a toujours beaucoup de monde à cette cérémonie où les textes et chants rituels ont été revus pour refléter l’ordre du jour : la vigne et le vin sont alors régulièrement cités, souvent de façon métaphorique. Lorsque s’achève la communion, le prêtre appelle devant lui les enfants : c’est le moment de bénir les bourgeons, de manière réelle et métaphorique, ciblant alors la vigne et les adultes en devenir
"une estrade attend l’échansonnerie de Saint-Bourrou,
afin qu’elle procède aux intronisations face à la foule."
Une fois l’office terminé, le groupe se met en marche vers Cachefais, lieu-dit au dessus de Foncourrieu.
A cet endroit, une estrade attend l’échansonnerie de Saint-Bourrou afin qu’elle procède aux intronisations face à la foule. Le Grand Maitre ouvre la cérémonie et présente les prétendants à l’intronisation, généralement des personnalités oeuvrant pour la valorisation et la protection du vignoble et de son vin. Le Grand Chambellan dicte les dix commandements auxquels devront s’astreindre les intronisés qui devront alors jurer fidélité au mansois.
"Le Grand Maitre adoube ensuite
les récents intronisés."
Une fois ces commandements acceptés, ils recevront la cravate et le tasson de l’échansonnerie de Saint-Bourrou, ce dernier leur servant à prouver leur fidélité en buvant d’un trait un tasson de marcillac. Le Grand Maitre adoube ensuite les récents intronisés en apposant un cep de vigne sur leurs épaule et en déclarant « par Bacchus et Saint-Bourrou, je vous fait compagnon de notre confrérie ». Pour finir, tous chanteront « lo saumenses », chanson des frères Gustave et Gaston Bessieres :
Historique
La Saint-Bourrou est une tradition dont les origines n’ont pas été établies avec certitude. La première trace écrite daterait de 1783, mais il faut attendre 1886 pour voir une description de cette coutume dans le journal de l’Aveyron : à cette date-là, 200 vignerons, bourgeons de vigne au veston, viennent célébrer une messe à l’église paroissiale.
Il s’agissait alors d’un pèlerinage qui se couplait avec quatre pèlerinages extérieurs parmi lesquels se trouvaient des pèlerins venus du « Pays Noir » (Decazeville).
Parallèlement à cette tradition, il aurait existé au XVIIème siècle un particulier qui aurait sollicité la protection de la vierge de Notre-Dame-de-Foncourrieu par le don d’un champ jouxtant la chapelle, en échange d’une messe annuelle lui assurant la prospérité des récoltes à venir. Par la suite, les habitants de Marcillac firent de même en prêtant serment de se rendre chaque début de mois de mai à Foncourrieu afin d’obtenir les mêmes bienfaits. En 1675, ils rejoignent le pèlerinage annuel qui a cours dans cette chapelle depuis 1642. Ces coutumes sont connues sous le nom de « voeux des vignes » et perdurent jusqu’au début du XXème siècle.
"Outre les vignerons, l’acteur principal
de cette matinée reste la confrérie."
Il semblerait donc qu’il y ait eu deux traditions différentes en cours dans le Vallon et que chacune d’elle présuppose un des aspects de la Saint-Bourrou actuelle. Bien que les recherches soient encore ouvertes pour connaitre l’histoire de cette coutume, il semblerait que la formule actuelle soit due à une jonction de ces deux traditions.
Outre les vignerons, l’acteur principal de cette matinée reste la confrérie qui oeuvre sous le nom « Eschansonnerie de Saint-Bourrou », créée en 1989. Elle se donne alors pour mission de valoriser le mansois et le vin de Marcillac en officiant notamment le lundi de Pentecôte.
Le lieu majeur où se déroule la matinée de Pentecôte est la chapelle de Foncourrieu, lieu symbolique qui ne fut pas choisi au hasard. Selon la légende, cette chapelle doit son origine à une noble dame, sauvée d’un énorme serpent par la Vierge Marie lorsqu’elle traversait les champs, qui décida de lui rendre hommage en faisant élever un oratoire.
La chapelle de Foncourrieu fut alors bâtie au Moyen-âge pour devenir un lieu dédié à la nativité de la Vierge Marie et, par la suite, un lieu de pèlerinage, surtout pour les vignerons. Bien que sa date de construction soit inconnue, on sait qu’elle existe déjà en 1351. Son nom de « Notre Dame des Bourgeons » lui vient de la protection qu’elle offre aux vignerons lors de la procession qu’ils mènent début mai pour effectuer leurs voeux de vignes.