Fêtes de la Tarasque

Diable farceur, plutôt diablotin et espiègle

Sujet Fêtes patronales, Camargue
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Auteur Marie Gaspa, avec la collaboration de Perrine Alranq (CIRDOC - Béziers) ; Etnopòle occitan (CIRDOC-Billère)
Date 1900
Lieu Tarascon

Au nombre des fêtes à animaux totémiques du sud de France, les fêtes de la Tarasque durent quatre jours et se déroulent chaque année le dernier week-end de juin. Elles sont l’occasion d’assister à la course de la Tarasque, l’animal totémique qui surgit et fait trépigner d’impatience et trembler de peur petits et grands.

Les fêtes de la Tarasque à Tarascon

Les fêtes de la Tarasque célèbrent à la fois sainte Marthe et la Tarasque,qu’elle terrassa, mais également Alphonse Daudet et son héros, Tartarin de Tarascon.

C’est aussi l’occasion pour les traditions de la culture camarguaise de s’exprimer: les manades de Tarascon et des alentours y donnent à voir les courses camarguaises de taureaux dans les arènes de la ville ou sur la place des campements thématiques,au pied du château de Tarascon, sur les berges du Rhône.

Les Tarascaïres et la Tarasque. © Marie Gaspa – 2014 – Fiche de l’Inventaire français du Patrimoine Culturel Immatériel

Le déroulement des fêtes

Le dernier week-end de juin à Tarascon (Bouches-du-Rhône) se déroulent les fêtes de la Tarasque. Le public venu de Tarascon et des villages environnants est nombreux à l'occasion de ces quatre journées de fêtes. Tous sont venus assister à une série de défilés, où de nombreux groupes de Tarascon ou d’ailleurs sont conviés. Au cœur de la fête trône la Tarasque, qui court, chahute et bouscule les passants.

"Au cœur de la fête trône la Tarasque, qui court
chahute et bouscule les passants."

Le vendredi

Abbaye Saint-Michel-de-Frigolet, Tarascon – Aleks/Wikimedia Commons - CC BY-SA 3.0

La bénédiction de la Tarasque a lieu le vendredi à l’église Saint-Michel-de-Frigolet. Durant cette marche au très fort dénivelé, la Tarasque est portée sur une remorque jusqu’à l’abbaye.
L’abbé procède à la bénédiction de la Tarasque, des marcheurs et de personnes venues avec leurs animaux : lors de cette bénédiction, le curé peut bénir les animaux domestiques. Cette bénédiction qui marque l’ouverture des fêtes, est l’occasion de souhaiter au public de belles fêtes sur la place de l’abbaye.

"une longue procession fait le tour du canton
afin d'annoncer les fêtes"

L’après-midi a lieu a Rocia de la Tarasque : une longue procession fait le tour du canton afin d'annoncer les fêtes de la Tarasque et d'attirer les chalands.
Dans chaque lieu, Tartarin de Tarascon, juché sur une voiture ancienne, tire quelques coups de fusil. Cette grande caravane de véhicules anciens et de personnages costumés donne le ton et le thème de l’année. Autrefois, la Tarasque participait à la pégoulade, sortie nocturne au flambeau, qui ne se pratique plus à présent. Certains des artifices étaient logés dans les naseaux de l’animal totémique et des fumigènes fixés dans des supports remplaçaient pour l’occasion certaines piques du dos de la Tarasque. La pégoulade se déroulant de nuit, des warnings de voiture ont été installés dans la tête de la bête pour que les yeux de la Tarasque clignotent, lui conférant un aspect encore plus impressionnant.

Le samedi

Tartarin de Tarascon – Gérard Marin/Wikimedia Commons - CC BY 2.5

"Tartarin de Tarascon est apparu au cours des fêtes de Tarascon
au sortir de la Seconde Guerre mondiale."

Le personnage de Tartarin de Tarascon est apparu au cours des fêtes de Tarascon au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Il apparaît entouré de personnages costumés qui animent le défilé du samedi. Munis de fusil, ils tirent en l’air à la poudre noire ou prennent pour cible des chapeaux, empruntés au public ou à d’autres membres du défilé, qu’il lancent en l’air. Les groupes de musique traditionnelle tarasconnais, les danseurs en costumes traditionnels provençaux et les musiciens défilent également. Des groupes invités en fonction du thème de l’année participent aussi au cortège. Les Tarasconnais se joignent au défilé, après avoir fabriqué leurs propres chars. Toutes les familles sont costumées à l’ancienne.

La première des trois courses de la Tarasque à travers la ville a lieu le samedi. Les deux autres courses se déroulent le dimanche: l’une le matin pour l’arrivée de Tartarin et l’autre l’après-midi.

Les Tarascaïres et la Tarasque. © Marie Gaspa – 2014 – Fiche de l’Inventaire français du Patrimoine Culturel Immatériel

Le dimanche

"La journée essentielle,
pour la Tarasque est le dimanche."

La journée essentielle pour la Tarasque est le dimanche, où elle démontre toute sa force sauvage. La Tarasque cherche sa place pour le départ du défilé, se faisant un malin plaisir à dépasser les groupes qui la précèdent pour mieux revenir sur ses pas et se retrouver deux groupes plus loin. Elle effectue ses courses en faisant des allers-retours et des demi-tours spectaculaires. La Tarasque rebrousse chemin sans arrêt et passe et repasse ainsi plusieurs fois devant le public, qui profite de sa course.

L’après-midi, le départ est donné depuis la caserne. La Tarasque attend patiemment, mais,une fois lâchée, elle ne reste pas une seule minute en place. Cette attente avant le départ de l’après-midi est également l’occasion pour les enfants d’approcher la bête encore calme et immobile. C’est aussi le moment de jouer un tour aux jeunes femmes qui veulent se faire prendre en photo avec la Tarasque. Le temps de poser avec la Tarasque et les voilà sur la tête de la bête !

Lors des défilés autrefois, on pouvait assister à divers jeux autour de la Tarasque, telle jeu de l’Esturgeon, qui consistait à jeter de l’eau aux gens. Les jeux du Cordeau consistaient à partir en farandole entre les gens, en se munissant d’une ficelle, qui était ensuite tirée pour faire tomber le public.

Fêtes de la Tarasque - Le Monde Illustré (8 juin 1861)

 Le lundi

L’équipe des Chevaliers de la Tarasque se repose lors de «l’Aïoli des Municipaux», décrit par Christian Guiot comme une grande fête et un grand tintamarre. La Tarasque est présente, mais elle n’est pas poussée, elle est posée à proximité des tables. L’aïoli est animé par une Peňa, est ouvert à tous et les Tarascaïres aiment à s’y retrouver avec famille et amis.

Les jeux de la Tarasque

Lors de la course, la bête semble en chasse et charge le public,comme si les Tarascaïres ne la maîtrisaient plus, toute la subtilité étant, pour les meneurs,  de jauger à quel point s’avancer pour faire vraiment peur, tout en restant capable de la retenir au dernier moment, avant qu’elle n’arrive au contact des spectateurs.

"Et se déplace telle une bête sauvage,
non domptée."

Lors de sa course la Tarasque part en courant, fait des allers-retours, et se déplace telle une bête sauvage, non domptée.

La virevolte

Lorsque l’emplacement est assez large, les Tarascaïres lancent la Tarasque et celui qui est à la queue la fait tourner. Le jeu est de lui faire faire la toupie. Les Tarascaïres la manient en prenant en compte son poids et l’effet de la force cinétique, en impulsant le mouvement circulaire et en laissant ensuite la bête effectuer sa rotation seule et libre. Ils se disposent tout autour pour éviter les contacts et pour l’arrêter lorsque qu’elle s’approche trop ou lorsqu’elle commence à ralentir.

La Tarasque et les jeunes femmes

L’un des jeux trouvés par les actuels chevaliers de Tarasque afin de faire participer les gens, sans les blesser, comme lors des anciens jeux de la Tarasque, consiste, pour les Tarascaïres, à repérer les jeunes femmes, à les inviter à monter sur la tête de l’animal et à les faire sauter, en appuyant sur la queue de la Tarasque pour faire basculer la bête. Avant d'attraper la jeune femme, les Tarsacaïres demandent invariablement si elles n’ont pas de problèmes de dos et si elles ne sont pas enceintes. Interrogées de la sorte par un Tarascaïre, les jeunes femmes qui connaissent le sort qui leur est réservé s’empressent de répondre qu’elles sont enceintes ; les autres se font prendre au jeu.

Tarascaïre posant une jeune femme sur la tête de la Tarasque © Marie Gaspa – 2014 – Fiche de l’Inventaire français du Patrimoine Culturel Immatériel

 Historique

On attribue la création des fêtes de la Tarasque au roi René. En 1435, René d'Anjou, duc d'Anjou et de Lorraine, comte de Provence, roi de Naples (1409-1480), dit «le bon Roy René», hérita de la Provence et vint séjourner souvent dans son château au bord du Rhône. Il réunit autour de lui une cour de chevaliers, de nobles familles et d'artistes.

"On attribue la création des fêtes
de la Tarasque au roi René."

Ce prince se plaisait à organiser des tournois et des fêtes, dont les jeux de la Tarasque.
Le roi René instaura les règles du déroulement des jeux de la Tarasque et l’ordre des Chevaliers de la Tarasque. Ces jeux ne devaient se produire que sept fois par siècle, et pour une durée de près de six mois, c’est-à-dire des fêtes de la Sainte-Marthe aux fêtes de la Tarasque.

La période révolutionnaire marqua une rupture dans le rythme et la nature des fêtes, surtout à partir de l’instauration du calendrier révolutionnaire (1793), qui brisait les structures héritées du catholicisme. On suppose qu’il en va de même pour les fêtes de la Tarasque, directement liées à sainte Marthe.

Selon les dates mentionnées par Jean-Paul Clébert, la fête n’eut pas lieu de 1891 à 1946. Après la Seconde Guerre mondiale, les fêtes de la Tarasque furent rétablies chaque dernier week-end de juin.

Carte postale, début XXe siècle

 


Cette page contient des extraits de la fiche d'inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel décrivant cette pratique.
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