Selon l’aire de jeu, la flûte à trois trous recouvre diverses appellations : galoubet en Provence, txistu et chirula au Pays basque et flabuta en Gascogne. Jouée d’une seule main, l’autre main frappe une percussion : un tambour à peau en Provence ou un tambourin à cordes en Gascogne et en Béarn, formant alors un couple instrumental flûte/tambourin à cordes.
Fonctionnement de l'instrument
Photo d'une flute à trois trous
La flûte à trois trous est une flûte à bec monoxyle, c’est-à-dire fabriquée d’un seul tenant. Le bec, ou sifflet dans lequel souffle le musicien, se trouve à l’extrémité supérieure. Les trois trous sont à l’extrémité inférieure de la flûte, deux étant sur sa face antérieure et le troisième sur sa face postérieure.
Le bec, dans lequel souffle le musicien, est composé d’un bouchon qui conduit l’air. Le jet d’air, sortant du canal, interagit avec la perce de l’instrument et se met à osciller autour de l’arête du biseau. L’oscillation de l’air permet au souffle de se diviser équitablement entre la colonne d’air vibrante, ou âme, et la fenêtre d’ouverture.
Pour produire une mélodie, la flûte est percée de trois trous de jeu. Selon la note que le musicien souhaite obtenir, chacun des trois trous peut être ouvert, fermé ou à demi-ouvert. De part la position des trois doigts d’obturation et la pression de l’air, une gamme chromatique complète peut être modulée.
"Entre cinq et vingt ans de séchage"
Secrets de fabrication
La flûte à trois trous est souvent fabriquée par un artisan : un facteur de flûte ou un professionnel du bois (ébéniste, sculpteur sur bois…). Il n’existe pas d’école de fabrication d’instruments traditionnels en France. De ce fait, l’apprentissage est principalement oral et informel.
Malgré un temps de séchage très long (entre cinq et vingt ans), la flabuta est fabriquée en buis, bois dense et dur. Après avoir retiré le cœur du tronc, le buis est débité en carrelets. Puis sur un tour à bois, autrefois manuel, le carrelet est dégrossi en un premier cylindre. La pièce de bois profilée est ensuite fixée sur un tour à bois pour réaliser manuellement, à l’aide d’une mèche cuillère, la perce de la colonne d’air vibrante. En se basant sur un plan, le facteur effectue le profilage final aux ciseaux à bois et polit la flûte avec du papier abrasif.
L’arête, ou labium, est taillée au ciseau à bois. Une arête en cuivre ou en laiton peut être placée sur le biseau supérieur, l'esventalh.
La flûte est ensuite percée de ses trois trous, ajustés à l’alésoir jusqu’à obtenir un instrument au diapason de la pratique du musicien. Une fois la fabrication terminée, l’instrument ne s’accorde plus ou peu.
Le bouchon, fortement soumis à la salive du musicien, est régulièrement humide. Il est généralement fabriqué en cèdre ou en genévrier. Ces bois résineux sont tendres et résistent aux moisissures. Une fois taillé, le bouchon est inséré dans la partie supérieure de la flûte. Il doit être correctement limé pour faciliter l’écoulement de l’air. Une première coupe, avec une scie à découper, permet de former le sifflet qui est limé au ciseau à bois, au rifloir et au papier abrasif.
"La tonalité de la flûte à trois trous est définie par la longueur de l’instrument"
Tonalité et puissance du son
La tonalité de la flûte à trois trous, fruit d’une tradition locale, est définie par la longueur de l’instrument. Plus la flûte sera longue, plus elle sera grave et plus elle sera courte, plus elle sera aigüe. La flûte ossaloise a pour fondamentale – c'est-à-dire que tous les trous de jeu sont fermés – un si bas (si moins 1/4 de ton). Dite "Simonet de Buzy", elle mesure 37 centimètres.
Le diamètre de la perce de la flûte détermine sa puissance sonore. En Gascogne, la flûte à trois trous est traditionnellement pratiquée en extérieur. Pour avoir un son puissant, le diamètre de sa perce est important.