La polyphonie Pyrénéenne

Chant de la convivialité

Sujet Chant
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Auteur Jean-Jacques Castéret ; Etnopòle occitan (CIRDOC-Billère)
Date 1900
Lieu Vallée d'Ossau

La pratique chantée dans le Sud Gascogne est particulièrement originale en France comme en Europe. Très peu connu du grand public, ce chant de la convivialité, « chant d’auberges », engageant « hautes et basses » a un nom savant : polyphonie ; c’est-à-dire une pratique vocale à plusieurs voix distinctes produites dans cette région en dehors de tout apprentissage musical savant.

"Très populaire, son existence se perd
dans les brumes de la mémoire collective."

Ce savoir-faire de tradition orale est général dans les Pyrénées et le piémont basque et gascon (Béarn et Bas-Adour) ne franchissant pas, au nord, l'Adour. Si le chant en solo existe, la polyphonie le recouvre dès lors que les chanteurs sont au moins deux. Très populaire, son existence se perd dans les brumes de la mémoire collective, les témoignages écrits les plus anciens signalant déjà son existence à la fin du XVIIIe s.

La polyphonie est en effet une pratique éminemment sociale. Produite au sein de la communauté, en famille, entre amis ou connaissances ; au cours de fêtes, de repas, au café ou encore à l’église.

"Actuellement, le réflexe polyphonique
est toujours bien ancré."

Le chant est l’affaire de tous : hommes comme femmes (Ah que l'amour). Si la polyphonie était pratiquée au café dont les hommes représentaient autrefois la population quasi exclusive, les femmes se faisaient entendre à l'église ou dans le cercle familial, divisions sexuées qui se sont aujourd’hui estompées.

Actuellement, le réflexe polyphonique est toujours bien ancré. Il est la représentation musicale des valeurs de la société pyrénéenne traditionnelle, il y a peu encore essentiellement tournée vers l'élevage et donc la gestion de terrains communaux privilégiant les comportements collectifs aux comportements individuels.

Polyphonie Pyrénéenne

Construction humaine et musicale

Bâtie à partir d’une poésie chantée préexistante appelée en occitan aire (air), cant (chant) ou normala (Diu d'aqueras montanhetas) (voix "normale"), la polyphonie est constituée d'une ou de deux voix issues de ce chant. (Diu d'aqueras montanhetas)
Ces voix sont improvisées, l'une dans l'aigu - la hauta (la haute) - l'autre dans le grave - la baisha (la basse) ou contrabaisha (contrebasse) formant, quel que soit le nombre de chanteurs, deux ou trois voix distinctes.
Les techniques utilisées sont simples : voix parallèles (Charmanta anesqueta) et bourdons (notamment un bourdon bas en Bas-Adour Gascon) qui peuvent être associés. Entendre deux à trois voix est toutefois fonction du contexte d'exécution : de la présence de chanteurs aux capacités vocales nécessaires, capables d'improviser haute et basse, de leurs affinités, de l'heure de l'exécution, de la convivialité du vin…

 


Cette page contient des extraits de la fiche d'inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel décrivant cette pratique.
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