Les répertoires

Oral, lettré ou de création locale

Sujet Moeurs et coutumes, Pau, Fête calendaire, noël
Support Article html
Auteur Etnopòle occitan (CIRDOC-Billère)
Date 1900
Lieu Occitanie

Le style oral

Les pièces de style oral sont toutes anonymes, œuvres collectives réalisées par-delà les siècles, les langues et les pays à une échelle qui dépasse largement les frontières des pays de langue occitane ou de la France. Elles sont élaborées, remaniées, par des générations et des générations de chanteurs anonymes, auteur collectif et intemporel que le folkloriste Patrice Coirault nommait « Notre chansonnier folklorique ». Ces pièces utilisent toutes des stéréotypes : l’anneau d’or perdu au fond de la rivière, le fils du roi, l’amant au régiment, les fillettes de 15 ans ou « fraîches comme la rose du rosier blanc ».

Se canti ou Aqueras montanhas, attribuée par la légende construite au XVIIIe siècle par les auteurs du roman historique béarnais au prince Gaston Fébus, est en fait une chanson de style oral connue dans divers territoires occitans (à tout le moins Gascogne, Corrèze, Ariège) comme dans les Pyrénées catalanes avec selon les régions différentes variantes textuelles, avant de s’imposer comme hymne occitan de Bayonne jusqu'aux vallées occitanes d'Italie..

Dins la forest del rèi

Dins la forest
del rèi
I a grena cavalerai
De tors los cavaliers

 

Cadun mena sa migra
Ceptat lo fil del rèi
Que i an dich
qu'èra mòrta

 

Dans la forêt du roi
Il y a grand groupe
de cavaliers
Chacun des cavaliers

 

A avec lui sa mie
Sauf le fils du roi
On lui a dit
qu'elle était morte

(Dins la forèst del rèi)
(collecté auprès de Felicien Beauvié par Pierre Boissière)

Aqueras montanhas

Aqueras montanhas
qui tan hautas son
M'empachan de véder
mas amors on son
Se canti, jo que canti
Canti per ma mia
Qui ei auprès de jo

Ces montagnes
qui sont si hautes
M'empêchent de voir
où sont mes amours
Si je chante pas pour moi
Je chante pour ma mie
Qui est auprès de moi

Le style lettré

Les textes de style lettré reflètent la mode littéraire d’une époque. La mode des bergeries au XVIIIe siècle et le Style Galant sont à l’origine de la composition en Béarn et Bigorre de nombreuses chansons que recueils et almanachs ont également popularisées dans l’ensemble de la Gascogne.

L’aristocrate-chansonnier Cyprien Despourrin (1698-1759) fait figure de chef de cette école. Ses chansons les plus connues sont : "La haut sus la montanha", "Rossinholet qui cantas", "De la plus charmanta anesqueta".
D’autres auteurs ont suivi son exemple comme le baron de Mesplès (1729-1807) avec "Dus pastors a l’ombreta".

Ces chants mettent en scène les amours de bergers enrubannés empruntant volontiers aux références mythologiques.

La Haut sus las montagnes

A partir du XIXème siècle nous rencontrons également quelques chants de facture lettrée en français, comme "J’aime le son du cor" certes chanté en polyphonie mais dont l’auteur du texte est bien connu puisqu’il s’agit d’Alfred de Vigny.
Le lyrisme romantique associé à l’évocation de la petite patrie produiront en occitan des chants célèbres tels que "Beth cèu de Pau" du Palois Charles Darrichon (1849-1887), "Salut Baiona" du Bayonnais Pierre Rectoran (1880-1952), chant devenu l’hymne officiel de la ville ou "La Copa Santa" de Frédéric Mistral (1830-1914), hymne des félibres chanté à chaque Félibrée de Dordogne.

Le style de création locale

Les pièces de création locale ont un auteur local, connu ou resté anonyme. Elles présentent une expression poétique de facture variable : plus ou moins soutenue ou à l’inverse tout à fait familière. Dans tous les cas, cette facture est très différente des courants littéraires.

Texte occitan

C’est le cas de "Los tilholèrs" du Bayonnais Pierre de Lesca (1729-1807) chant très connu dans tout le piémont pyrénéen et la Gascogne maritime, interprété à chaque cérémonie d’ouverture des Fêtes de Bayonne, la première banda créée dans cette ville en 1960 portant d’ailleurs son nom. Cette chanson célèbre le travail et les exploits des bateliers gascons descendant l’Adour de Peyrehorade à Bayonne.

"Los Hilhs d’Aimon" composé en Vallée de Barétous vers la fin du XIXe s à l’occasion de la Pastorale des Quatre fils d’Aymon, relate l’histoire de quatre frères persécutés par Charlemagne. Cette chanson très appréciée du village d’Arette est peu à peu devenue l’hymne du village, chanté à chaque fête du village.

Il en va de même en Vallée d’Ossau pour "Aqueths aussalés", chantant les vertus des bergers ossalois.
"La plenta deu pastor" (Aulhèrs de totas las contradas) de Georges Sanchette et Jean-Claude Coudouy créée en 1969 appartient sans conteste à cette catégorie et témoigne de la vivacité en Béarn et dans les Pyrénées de cette culture.