Le chant monodique, général dans les traditions vocales occitanes, peut être exprimé soit par un seul individu soliste soit par un collectif de chanteurs.
Le chant collectif
Felix Arnaudin décrit par exemple à de multiples reprises pour la Grande Lande une pratique vocale collective que ce soit à l’occasion de travaux ou de repas. Selon ses descriptions, les multiples voix se déclinent de façon « impressionniste » autour d’une même ligne mélodique, donnant une sorte d’épaisseur à ladite ligne, procédé que l’on pourrait rattacher à l’hétérophonie. En d’autres termes, plusieurs chanteurs émettent la même partie chacun employant de légères variantes qui lui sont propres.
L’expression collective est également celle mise en œuvre pour les danses au son de la voix : branles, bourrées, rondeaux… Dans les rondeaux et branles, (Rossinholet qui cantas) les voix sont mises en forme de façon responsoriale, les chaînes de danseurs chantant l’une après l’autre.
Le chant solo
Le chant en solo (à part quand un individu chante pour lui-même) distingue la zone pyrénéenne, l’arrière pays niçois ou les valadas occitanas d’Italie du reste de l’ensemble occitan. Dans les Pyrénées, il était par ailleurs plutôt réservé dans le passé aux contextes privés, alors que dans les autres pays d’oc cette pratique était tout à fait ancrée dans la sphère publique. Dans ce cadre, la société traditionnelle délègue ceux qu’elle considère comme les meilleurs pour chanter en société (par exemple au café) ; le chant tendant à devenir une activité spécialisée.
L'ornementation
En matière d’ornementation, une certaine cohérence semble d’ailleurs exister entre les collectes menées en Pyrénées, Chalosse (Landes) ou Haut-Agenais. En effet, même si la densité d’ornements est différente entre nord et sud de la Gascogne ou de l'Aquitaine – peut-être en raison de la différence du rythme de transformation des sociétés rurales – il est possible de constater des formes similaires.
Les ornements et la variété des effets de voix sont ainsi très fournis en Vallée d’Ossau (Tota cançon quan ei fenida) dans les enregistrements réalisés auprès de Pierre Arrius-Mesplé (A Vièla e a Vilhèras) ou Aubestin Cauhapé. La collecte de Bernard Paton & Jean Moreu auprès de Clément Capver (Lo pair de la nòvia) en Chalosse de même que celle de Pierre Boissière en Gascogne néracaise et dans le Haut-Agenais (Dins la forèst del rèi) témoignant encore d’une telle culture.
Les mutations de la société traditionnelle et la disparition des occasions de rassemblement communautaire ont toutefois fortement fait reculer cette pratique dont les collectes sonores des années 70 et 80 ont conservé les derniers échos, révélant quelques une de leurs caractéristiques.
Les collectes connues à ce jour révèlent des chanteurs qui, même quand ils ont été enregistrés à un âge avancé, mettent en œuvre des conduites vocales parfaitement maîtrisées, remarquables par les ornements qui enrichissent et varient la ligne mélodique.