Histoire
L’histoire de l'origine du fifre se confond avec celle de la flûte traversière née vraisemblablement plusieurs fois, dans de nombreuses parties du monde. En France et en Europe, l'Ancien Régime, et plus épisodiquement, jusque sous l'Empire Napoléonien le fifre fut avec le tambour un des instruments de prédilection des troupes militaires.
Introduit dans l'armée française par les mercenaires suisses des troupes de Louis XI, il le fut officiellement par une ordonnance de François 1er. Après la révolution de 1789 il fut remplacé par le piccolo, réputé plus "juste".
On a pu toutefois l'entendre jusque dans les années 1940, en France dans quelques batteries fanfares. En dehors de la pratique "militaire" et bien que très influencé par elle, le fifre fut et est toujours présent dans les musiques de tradition populaire.
"le fifre fut et est toujours présent
dans les musiques de tradition populaire"
En Aquitaine
L’Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne (éd. du CNRS) montre que les habitants du centre et nord Gascogne connaissaient vers 1950 les mots pour désigner ce type d’instrument. Ainsi le pifre ou pihérèt, décrit comme « une fllûte traversière à 6 trous, instrument de berger des Landes et de Gironde », est connu de la Gironde jusqu’au Gers, mais aussi d’une partie de la Dordogne, du Lot-et-Garonne et de presque toutes les Landes. Par extension, il désigne parfois d’autres instruments à vent tels que l’ocarina, lui aussi très populaire, quand ce n’est pas la flûte à trois trous.
"au début du 20ème siècle
le fifre était de toutes les fêtes"
Le pifre des bergers, partout en Gascogne, est souvent en roseau ou sureau, percé de six trous et d'une embouchure.
Toutefois, à l’image d’autres régions d’Europe, les joueurs de fifre du nord Gascogne utilisent un instrument de facture moins rudimentaire : en bois tourné (buis, ébène ou grenadille), de perce cylindrique, pouvant posséder sept trous ; et depuis le XVIIème siècle, une clé. Il ne faut toutefois pas confondre cet instrument avec les piccolos baroques ou romantiques de facture plus élaborée.
Sa tessiture est, dans le meilleur des cas, de deux octaves et une quinte, sa tonalité selon l'usage et les lieux en ré bémol, ré et plus généralement mi bémol dans le nord de la Gascogne. Ses possibilités chromatiques, bien que limitées et très rarement exploitées aujourd'hui dans la tradition populaire, lui permettent de jouer dans les tons voisins de la bémol majeur, si bémol majeur (qu'il ait six ou sept trous) et fa majeur (lorsqu'il possède une clé).
"La pratique du fifre et tambour
a failli disparaître au milieu du 20ème siècle"
Les ripatauleras
Dans tout le Nord Gascogne, au début du 20ème siècle le fifre était de toutes les fêtes : défilé des boeufs gras et tout le rituel qui l’accompagne (Rigaudon), mayades, fêtes des conscrits, mais aussi bals (Valse) ou mariages. Le joueur de fifre appelé frifaire ou pifraire, toujours accompagné du tambour et de la grosse caisse, parfois d'un "cuivre", forme avec eux une ripataulèra et leurs jeux sont difficilement dissociés et dissociables.
La pratique du fifre et tambour a failli disparaître au milieu du 20ème siècle mais elle a bénéficié de la dynamique des années 1970 concernant les musiques traditionnelles et de la volonté d’anciens musiciens de passer leurs connaissances à une nouvelle génération. Ces facteurs ont permis à ces traditions de survivre et de connaître un important renouveau largement favorisé par le travail de collecte et de diffusion initié en Gironde dès la fin des années 70 puis dans le cadre de l’Adam Gironde et poursuivi par le CIRMA (Collectif d’Initiatives de Recherches Musicales et Artistiques) ou plus tard par le Centre Lapios, l’association ARDILLA de St Macaire, les ateliers de fifres de ST Pierre d’Aurillac et par l’École des Musiques Populaires et Traditionnelles de Gans. Ainsi elles continuent à remplir leur fonction sociale, parfois quasi officielle, toujours festive, dans de nombreux villages girondins.