La fête des bœufs gras a lieu chaque Jeudi gras à Bazas, période de carnaval, perpétuant une antique cérémonie de présentation des bœufs préparés spécialement pour le défilé en ville et pour un concours de race bovine bazadaise.
Historique
Cette manifestation correspond à un type de pratique très ancien en France et en Europe à l’image du cortège du bœuf gras de Paris réactivé en 1998. Le concours a, par ailleurs, été créé par la municipalité sur le modèle des fêtes et comices agricoles du XIXème siècle.
"Cette jour célèbre tout autant
les métiers de boucher et d’éleveur"
Les Bazadais font remonter la manifestation au Moyen-Âge et à la cérémonie de don, au clergé, d’un taureau par les bouchers de Bazas. En compensation, les bouchers se voient alors octroyer le privilège de promener leurs bœufs dans les rues de la ville pour le Jeudi gras, invitant les populations locales à se réjouir et à festoyer. Depuis cette date, la Fête des bœufs gras se perpétue s’inscrivant dans un même cycle rituel que le feu de la Saint-Jean d’été.
Élevage traditionnel
Ce rituel festif est indissociablement lié à la tradition d’élevage puis de consommation des bœufs gras de la race bazadaise. Le bœuf gras se prépare selon un rythme précis : à 6 mois, le jeune taureau est enlevé à sa mère, castré, puis nourri en étable pendant 4 ans, d'une manière spécifique (« secret » des éleveurs), jusqu'à sa maturité en tant que bœuf gras du Jeudi gras. Les critères d'évaluation du bœuf sont les suivants : longueur du dos droite, bosse à l'encolure, culotte arrondie, poids à l'abattoir, arrière de la cuisse rebondie, et, caractère indispensable, des cornes bien plantées. Les éleveurs doivent ainsi anticiper afin que les bœufs mis au concours le Jeudi gras soient fins prêts ce jour-là : un jour changeant puisqu’il s’agit d’une fête mobile.
"La fête voit la déambulation des animaux
et des chars apprêtés pour l’occasion"
Cette jour célèbre tout autant les métiers de boucher et d’éleveur, couple indissociable de cette fête calendaire. Une filière aujourd’hui menacée par le marché mondial et les coûts de ce type d’élevage qui ne repose plus que sur quelques familles d’éleveurs et le métier d’artisan boucher.
Monsieur Manseau, éleveur, insiste sur la période d'engraissage du bœuf qu’il compare aux êtres humains : « Tous les bœufs ne peuvent être engraissés, cela dépend de leur goût pour la nourriture et de leur capacité à la digérer. On connaît la bête personnellement ».
"Ce rituel festif est indissociablement
lié à la tradition d’élevage"
Les éleveurs sortent les bœufs sélectionnés plusieurs fois de l'étable avant la date cruciale, ils les font « tourner » afin de les habituer au défilé. Dans ce laps de temps, ils les lavent soigneusement, les brossent, rasent la partie de la cuisse de façon à mettre en évidence la masse musculaire, ils les encouragent et les apaisent.
Le jour de la fête, ils les harnachent d'un licol, d'une couronne de fleurs confectionnée en général par les femmes d’éleveurs. Ils fixent l'étiquette (rosace) porteuse du nom de l'éleveur et du boucher qui s'occupera de l'apprêter après l'abattage, après quoi ils les attacheront à l'arrière du char, tiré par le tracteur.
La promenade des boeufs gras
"Chars et bœufs sont amenés
sur le foirail (place des Tilleuls) et pesés"
La fête voit la déambulation des animaux et des chars apprêtés pour l’occasion et décorés selon les thèmes choisis par les éleveurs, l’ensemble étant accompagné par les fifres et tambours des ripataulèras, et par des échassiers. Chaque boucher présente au consours une paire de bœufs qui seront évalués selon leur qualité bouchère et la conformité à la race bazadaise.
Chars et bœufs sont amenés sur le foirail (place des Tilleuls) et pesés, puis, ils se rangent les uns derrière les autres pour entamer la marche suivant un trajet prédéterminé : les boulevards, certaines rues de la vielle ville, la place centrale de la Cathédrale. Ces chars se veulent une scène ambulante des significations multiples du carnaval : la fécondité de la nature, le printemps, la fécondation, la prospérité de la cité et du savoir-faire des familles d’éleveurs.
Musique et rituel
La musique est intimement liée au rituel festif. Au début, chaque boucher recrutait une ripataulèra mais aujourd’hui une seule anime la fête. Les musiciens jouent tout le long du parcours, en tête du cortège. Ils pénètrent aussi dans chaque boucherie pour exécuter un rigaudon d’honneur (ou aubade), pour honorer le boucher. A chaque étape, on chante, on distribue des beignets. Arrivée sur la place de la cathédrale, la foule assiste au concours, clôturé par un rigaudon d’honneur devant la mairie. Le cortège se reforme pour conduire les bœufs à l’abattoir, pendant que les musiciens exécutent à nouveau un rigaudon d’honneur , appelé La Mort du Bœuf.
"Les musiciens jouent tout le long
du parcours, en tête du cortèg"
La fête continue, l’ensemble de la journée étant consacré à la dégustation du bœuf cuisiné ou grillé, dans la rue, dans les restaurants, ou pour le banquet composé surtout d’officiels et de Bazadais. De leur côté, les bouchers, les éleveurs et leurs commis prennent ensemble un repas animé par les musiciens.
Cette page contient des extraits de la fiche d'inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel décrivant cette pratique.
Consulter la fiche d'inventaire complète